29 agosto 2017

Sobre a (esquecida ?) Turquia

Tem a palavra o
Nobel Orhan Pamuk




«(...)Vos critiques contre Erdogan ne s’articulent pas autour de l’opposition habituelle entre laïcs et religieux…




Je suis critique d’Erdogan pour son islam politique et son autoritarisme. Et s’il a bien détruit la démocratie en Turquie, la laïcité perdure. Vu de l’extérieur du pays, il y a une confusion sur ce point.Ou, la situation en Turquie est très mauvaise. Et on pleure sur notre sort. Mais autant pleurer pour les bonnes raisons : la démocratie et la liberté de parole sont détruites certes, mais la laïcité est là. Il reste aussi un résidu de démocratie électorale, ce qui permet à l’AKP (le parti au pouvoir – ndlr) de parler de démocratie, mais sans liberté de parole quand même.

Nous apprenons à survivre là-dedans. Toutes les organisations internationales respectables, qui surveillent ces sujets, sont unanimes : la Turquie est devenue sans conteste un des pires endroits dans le monde pour la liberté d’expression. Les journalistes, les commentateurs politiques sont dans la ligne de mire du gouvernement. Il faut être courageux pour parler et exposer des vérités aujourd’hui. Et être courageux ne suffit pas. J’ai donné une interview au

journal Hürriyet sur la situation du pays, juste avant le référendum. L’interview n’a pas été publiée. Je n’étais pourtant pas trop dur envers Erdogan, car je voulais
m’adresser aussi à ses électeurs. Mais la peur des journalistes est réelle. Le rédacteur en chef m’a appelé pour s’excuser. Je ne lui en veux pas. Je comprends. 


Que peut faire un écrivain dans cette situation ?

Il n’y a plus d’espaces de liberté. Asli Erdogan a été jetée en prison de la manière la plus cruelle et insensible qui soit. Ce n’est qu’en voyant les réactions nationales et internationales que son arrestation suscitait qu’ils se sont rendu compte de qui elle était : une écrivaine aimée, une personnalité unique. Elle est une nouvelle démonstration de comment toutes

ces arrestations sont faites gratuitement, sans effort, sans réelles raisons, sans même y penser à deux fois.

Après la tentative de coup d’Etat, 130 000 personnes ont perdu leur emploi, 40 000 personnes ont été arrêtées.

Rien ne légitimait cela. Ils disent que les prisons sont pleines et ils en bâtissent de nouvelles. Avec l’aide des services secrets, ils construisent des liens présumés entre n’importe quel citoyen et de prétendus terroristes du PKK (groupe armé d’indépendantistes kurdes – ndlr) ou de la confrérie Gülen (mouvement islamiste et conservateur dirigé par l’imam Fethullah Gülen – ndlr).

Or, n’importe quelle personne sensée en Turquie sait que c’est leur parti qui est lié jusqu’au cou avec le mouvement Gülen. Le militantisme est le seul espace qui reste. Kemal Kiliçdaroglu (à la tête du plus grand parti d’opposition – ndlr) s’est incarné dans cette voie-là, en initiant la grande marche pour la justice d’Ankara à Istanbul.»

em entrevista ao último  «Les InRockuptibles»

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